Présentation

La langue bretonne


Les mots que nous connaissons déjà

en breton en français a donné en français
bara gwin pain vin baragouiner 
mor bihan mer petit le département du Morbihan
paotr garçon mon pote (mon copain)
dall aveugle j’y vois que dalle
traou mat choses bonnes marque de gateau au beurre
kouign amann gateau beurre célèbre gateau breton fait d’un feuilleté de pâte à pain, de beurre et de sucre
Prononcer: an-man-nnn
aber estuaire l’aber Wrac’h, l’aber Beniguet
gwenn hael
ou
gwenn ael
sacré et magnanime
ou
blanc ange
le prénom masculin Gwenael

Et encore ceux-ci:

en breton en français explications
ker hameau ou grande maison, ville ou village nommer sa maison Ker xxx parait très souvent prétentieux aux yeux d’un breton… 
ti maison ti Yann = la maison de Jean
penn tête, bout, extrêmité  
penn marc’h tête de cheval pointe de Penmarc’h au sud-ouest de la Cornouaille (bretonne)
kenavo jusqu’à ce que soit…,= au revoir rarement utilisé seul en breton (cf ci-dessous)
kenavo disul 
kenavo ar c’hentañ
à dimanche
à bientôt
jusqu’à ce que soit dimanche 
jusqu’à ce que soit le premier, le mieux
fest-noz fête de nuit bal, soirée où on danse des danses bretonnes
Bzh = Breizh  Bretagne Bzh est l’abréviation de Breizh 
Breizh atao Bretagne toujours « Bretagne toujours » = nom d’un mouvement indépendantiste
gwenn ha du blanc et noir nom donné au drapeau breton par les brittophones
atao feal da viken toujours fidèle à jamais inscription située à l’intérieur des bagues bretonnes

Et puis tous ces surnoms dérivés d’une partie du corps ou d’un métier:

en breton en français explications
lagadeg 
taleg 
bleveg 
frieg 
skouarneg 
danteg 
garreg 
troadeg 
peñseg ….
les yeux 
le front 
les cheveux 
le nez 
les oreilles 
les dents 
la jambe 
le pied 
la fesse 
le suffixe « ec » (écrit « eg » en breton) signifie « remarquable par » 

attention, on ne vous a pas dit que tous les mots finissant en « ec » sont décomposables de cette façon…  (cf kefeleg ci-dessous)

ar gov le forgeron Le Goff
ar c’halvez le menuisier Le Calvez
ar gwiader le tisserand Le Guyader
ar c’hemener le tailleur Le Quimener
ar floc’h l’écuyer Le Floc’h
 
korr le nain Le Corre
kefeleg la bécasse Quefellec
bras le grand Le Bras
bihan le petit Le Bihan
kamm le boiteux Le Cam

Tournures et expressions diverses:

en breton en français commentaires
Demat Bonjour Demat dit, demat deoc’h = Bonjour à toi, bonjour à vous
Mat ar jeu? Ca va? Attention on prononce madarjeu
Ya, mat ar jeu oui, ça va  
Trugarez Merci  
Petra eo da ano? Comment t’appelles tu?  (litt: Quoi est ton nom) ano se prononce an-no et surtout pas a-no
Piou eo? Qui est-ce? Piou s’écrit aussi Piv
Nolwenn eo. C’est Nolwenn  
Piou eo ar paotr-se? 
Piou eo ar plac’h-se?
Qui est ce garçon? 
Qui est cette fille?
 
Yann eo ar paotr-se.
Nolwenn eo ar plac’h-se.
  le breton répond toujours directement à la question posée en remplaçant le mot qui pose la question par la réponse.
Attention: Yann se prononce Yan-nn et jamais ya-ne
Brao eo an amzer? Il fait beau? 
(Beau est le temps?)
utilisé aussi pour dire bonjour quand on est un peu à court d’idées. Brao s’écrit aussi brav attention: amzer se prononce an-mzer et non pas a-mzer
Ya, brao eo. Oui, il fait beau. brao s’écrit aussi brav (mais se prononce brao)
N’eo ket. N’eo ket brao an amzer. Non. Il ne fait pas beau. « Non » se dit « Nann » en breton mais un peu comme les Anglais, les Bretons préfèrent nier le verbe qui pose la question.
N’eo ket. Fall eo an amzer Non. Il fait mauvais  
Tomm eo an amzer Il fait chaud  
Yen eo an amzer Il fait froid  
Pe liou eo? De quelle couleur est-ce? liou peut aussi s’écrire liv
Ruz eo. C’est rouge  
Glas eo? Est-ce bleu?  
N’eo ket. Du eo. C’est noir.  
Aes eo? C’est facile?  
Ya, aes-aes eo! Oui, c’est très facile! Doublement de l’adjectif pour exprimer « très »
Petra eo se? Qu’est-ce que c’est? (litt: Quoi est cela)
Ul leor eo. C’est un livre Leor peut aussi s’écrire levr
Ul leor brezhonek eo? Est-ce un livre de breton? Attention: brezhonek se prononce brézon-nek et non pas brézo-nek. En liaison avec une voyelle, le k final se prononce comme gu en français.
Pelec’h emañ Yann-Ber? Où est Jean-Pierre? Le ñ n’est pas prononcé. Il ne sert qu’à indiquer que la voyelle qui le précède est nasalisée. « emañ » est le verbe être de lieu.
Amañ emañ. Il est ici. Attention… le breton répond « ici il est »
Pelec’h emañ Ehouarn? Où est Ehouarn? Ne confondez pas les prénoms masculins Ehouarn et Erwan (qui se prononce Er-wan-nn)
Aze emañ. Il est là. Là il est.
Pelec’h emaout? Où est tu?  
Amañ emaon. Je suis ici Ici je suis (…. comme d’habitude, la réponse d’abord….)
Amañ emaout? Tu es ici?  
N’emaon ket. Non = je ne suis pas
 
Pelec’h emaout o chom? Où habites-tu?  
E Paris emaon o chom. J’habite à Paris.  
Mont a ra mat? Ca va bien?  
Ya, mont a ra mat! Oui, ça va bien!  
Deskiñ a rez brezhoneg? Apprends tu le breton? Façon la plus simple de conjuguer un verbe en breton:
Mot à mot: Apprendre tu fais le breton
Ya, deskiñ a ran. Oui, j’apprend le breton.  
Ne ran ket. Deskiñ a ran saozneg ha galleg Non. J’apprends l’anglais et le français On retrouve la négation du verbe (ici de l’auxiliaire) pour dire non.


   Le breton c’est facile!

En réalité il n’y a que deux difficultés en breton:
  • le vocabulaire, car il très différent du français… mais très proche du gallois comme le montre le tableau ci-dessous
  • les mutations, c’est-à-dire le fait que la première lettre d’un mot change en fonction de ce qui précède pour des raisons d’euphonie, un peu à la manière du français qui rajoute un t: il va, va-t-il
Par exemple: père se dit tad mais on dira ma zad, da dad pour mon père, ton père.
Ceci peut sembler déroutant par exemple pour les français. Ils ont pourtant l’habitude de marquer fortement les liaisons:
ne disent ils pas: 1 n-oiseau 2 z-oiseaux 4 t-oiseaux, 5 k-oiseaux, 9 f-oiseaux…
 

Pour le reste le breton est un vrai bonheur!

  • Quand on sait conjuguer un verbe, on sait tous les conjuguer.
  • Juste 5 verbes irréguliers: être, avoir, faire, aller, savoir
  • Les adjectifs sont invariables et toujours après le nom
  • Les pluriels des noms sont nombreux mais d’une régularité fort sympathique
  • La structure de la phrase est d’une souplesse inconnue dans bien d’autres langues.
  • etc…..
Alors n’attendez plus, commencez dès maintenant!

Apprendre le breton   Les stages


Situons la langue bretonne

Les recherches menées par les linguistes montrent que la plupart des langues parlées en Europe pourraient avoir évolué à partir d’une langue commune que l’on nomme l’Indo-Européen.
Nous n’avons pas la preuve formelle qu’un groupe ait parlé cette langue ni qu’elle ait réellement existée mais ceci permet au moins de classer les langues actuelles.

L’Indo-Européen se serait divisé en 4 branches principales qui à leur tour se seraient subdivisées au fur et à mesure que les populations prenaient possession de nouveaux territoires et ne communiquaient plus guère entre elles.

Il en résulte qu’aujourd’hui on trouve des ressemblances et des différences entre les descendants de l’Indo-Européen.
En voici quelques unes:
 

INDO-EUROPEEN
CELTIQUE LATIN GERMANIQUE SLAVE
Breton
Gallois
Français
Espagnol
Anglais
Allemand
Russe
Polonais
les ressemblances
tri tri trois tres three drei tri trzi
da dy ton tu thy dein tvoï twoï
kazh cath chat gato cat katze kochka kot
les différences
mab mab fils hijo son sohn sin syn
kant cant cent cien hundred hundert sto sto
goanv gaeaf hiver invierno winter winter zima zima

Les langues celtiques sont généralement classées selon le tableau ci-dessous:
 

BRITTONIQUE
GAELIQUE*
Breton
Gallois
Cornique
Ecossais
Irlandais
Mannois
pevar pedwar peswar ceithir ceathair kiare quatre
pemp pump pymp cuig cuig queig cinq
mab mab mab mac mac mac fils
penn pen pen ceann ceann kione tête
* ou goïdélique


Les langues ne meurent pas toutes seules…

« Ainsi disparaitront insensiblement les jargons locaux, les patois de six millions de Français qui ne parlent pas la langue nationale car, je ne puis trop le répéter, il est plus important qu’on ne pense en politique d’extirper cette diversité d’idiomes grossiers qui prolongent l’enfance de la raison et la vieillesse des préjugés. »
Abbé Grégoire devant le Comité de l’Instruction Publique, 20 septembre 1793.

« Nul acte public ne pourra, dans quelque partie que ce soit du territoire de la République, être écrit qu’en langue française »
Loi du 2 thermidor an II (20 juillet 1794)

« Dans toutes les parties de la République, l’instruction ne se fait qu’en langue française »
Décret du 30 vendémiaire an II (17 novembre 1794) (l’emploi du présent a valeur d’obligation)

Il faut « par tous les moyens possibles, favoriser l’appauvrissement, la corruption du breton, jusqu’au point où, d’une commune à l’autre, on ne puisse pas s’entendre […] Car alors la nécessité de communication obligera le paysan d’apprendre le français. Il faut absolument détruire le langage breton »
Lettres des préfets des Côtes-du-Nord et du Finistère à M. de Montalivet, ministre de l’Instruction Publique, 1831)

« Multiplions les écoles, créons pour l’amélioration morale de la race humaine quelques unes de ces primes que nous réservons aux chevaux; faisons que le clergé nous seconde en n’accordant la première communion qu’aux seuls enfants qui parleront le français… »
Auguste Romieu, sous-préfet de Quimperlé, 1831

« Surtout rappelez-vous, messieurs, que vous n’êtes établis que pour tuer la langue bretonne »
Propos d’un sous-préfet du Finistère aux instituteurs, 1845

C’est en breton que l’on enseigne généralement le catéchisme et les prières. C’est un mal. Nos écoles dans la Basse-Bretagne ont particulièrement pour objet de substituer la langue française au breton… »
Lettre du préfet des Côtes-du-Nord à l’évêque de St Brieuc, 21 novembre 1846

« Un principe qui ne saurait jamais fléchir: pas un mot de breton en classe ni dans la cour de récréation »
M. Dosimont, inspecteur d’académie, 1897

« Pour l’unité linguistique de la France, il faut que la langue bretonne disparaisse »
A. de Monzie, ministre de l’Instruction Publique, à l’inauguration du Pavillon de la Bretagne à l’Exposition Universelle le 19 juillet 1925

« Il n’y a pas de place pour les langues et cultures régionales dans une France qui doit marquer l’Europe de son sceau ».
Georges Pompidou à Sarre-Union, 1972

« Il s’agit de savoir si un enseignement généralisé d’une langue régionale durant toute la scolarité secondaire a un caractère de nécessité, voire d’utilité, compte tenu de ses conséquences possibles sur l’équilibre général des enseignements, l’apprentissage des langues vivantes, la pratique correcte de la langue française »
M. Fontanet, ministre de l’Education Nationale, 1973

« Je rends hommage à l’école laïque et républicaine qui a souvent imposé le français avec beaucoup d’autorité – il fallait le faire – contre toutes les forces d’obscurantisme social, voire religieux, qui se manifestaient à l’époque. Je suis également heureux que la télévision ait été un facteur d’unification linguistique. Il est temps que nous soyons français par la langue. S’il faut apprendre une autre langue à nos enfants, ne leur faisons pas perdre leur temps avec des dialectes qu’ils ne parleront jamais que dans leur village: enseignons-leur le plus tôt possible une langue internationale! »
R. Pandraud, extraits des débats sur l’Europe de Maastricht, 13 mai 1992

« Les langues régionales ont sans doute leur place à l’école comme l’enseignement de n’importe quelle langue ou discipline, mais le bilinguisme en langue régionale est incompatible avec les principes de fonctionnement de l’Ecole Publique. Il privilégie la culture et la langue d’une communauté alors que le rôle de l’école publique est de privilégier la culture et la langue françaises dans un objectif de cohésion sociale. »
D. Gauchon, inspecteur de l’Education Nationale, mai 1997



 

Domaine historique de la langue bretonne

Carte de la Bretagne présentant le domaine historique de la langue bretonne


Histoire de langue bretonne

Achetez l’excellent livre pas cher de surcroit :
Histoire de la langue bretonne écrit par Hervé Abalain aux éditions Gisserot. C’est une véritable mine. Tout y est.

En attendant savez-vous que:
 

1951
C’est la loi Deixonne (11/01/1951) sur « l’enseignement des langues et dialectes locaux » qui permit d’enseigner le breton dans le primaire et le secondaire et d’avoir une épreuve de breton facultative au baccalauréat.
1971
Il faudra attendre 20 ans pour que cette note ne serve pas seulement pour l’obtention d’une mention au Bac mais pour qu’elle soit prise en compte pour l’admission
1977
C’est en 1977 que s’ouvre à Lampaul-Ploudalmézeau, la première école DIWAN
1982
La LICENCE de breton a été créée à Rennes en 1981 et à Brest en 1982.
1985
Le CAPES de breton a été créé en 1985.
1985
Le ministre de la Culture accepte le principe d’une signalisation bilingue.
1989
Mais il faudra attendre 1989 pour que soit créé le DEUG de breton.
1994
Le Parlement européen adopte une « résolution sur les minorités linguistiques et culturelles dans l’Union européenne » le 09/02/1994 qui estime que « les langues et cultures moins répandues devraient […] bénéficier dans les Etats-membres d’un statut légal approprié.
2000
TV BREIZH: Lancement de la première télévision régionale le 01/09/2000.