Reizhskrivadur ar brezhoneg
Comment s’écrit le breton ?
Dans l’orthographe « peurunvan » (cf plus loin)L’alphabet est le même qu’en français à quelques différences près:
- Les lettres Q et X n’y figurent pas
- Le C n’existe pas seul mais sous la forme CH et C’H
- C’H est l’équivalent du ch allemand ou du j espagnol
Le X est omis puisqu’il peut être remplacé
par KS dans de nombreux cas. Néanmoins de nombreux brittophones n’hésitent
pas à l’utiliser par souci de simplification et/ou pour ne pas introduire
de complication dans des mots d’origine étrangère. ex: fax,
taxi, …
Certains caractères peuvent être accentués:
|
indique que la voyelle précédente est nasalisée.
(on prononce « an » au lieu de « a »)
Cette règle n’est pas toujours appliquée en particulier pour les finales de verbes et les superlatifs. Mais le son de la consonne n n’est pas tenu. (comme le « an » du français Jean) |
|
quand il suit un o, indique qu’en vannetais on prononce « eu » plutôt que « ou » |
Par convention:
Consonnes L M N R
Dans un mot,lorsque le son de la voyelle qui précède la consonne L, M, N ou R est long, cette consonne est simple, et
lorsque le son de la voyelle qui précède la consonne L, M, N ou R est court, la consonne est doublée.
On en déduit inversement qu’en lecture, la consonne doublée (ll, mm, nn, rr) indique que la voyelle qui précède est courte même si elle est accentuée.
Exemples:
voyelle longue: tan (feu), talañ (faire front), …
voyelle courte: tamm (morceau), dallañ (aveugler), …
Finale d’un mot
Le breton ne s’écrit pas comme on veut ou comme on prononce, c’est évident.Bien qu’il existe plusieurs orthographes possibles, on ne peut pas non plus « panacher ».
La finale d’un mot s’écrit toujours de la même façon et quelle que soit sa prononciation.
Dans l’orthographe dite « peurunvan » que nous décrivons ici, on convient d’écrire:
d’une part: g, d, b, z, v, j en finale des substantifs même si
on entend respectivement k, t, p, s, f, ch.
d’autre part: k, t, p, s, f, ch pour toutes les autres finales de mots,
même si on entend respectivement g, d, b, z, v, j lors d’une liaison
avec le mot qui suit.
On distinguera de ce fait:
ar brezhoneg = le breton (la langue bretonne)
brezhonek = breton (l’adjectif)
prononcer: brézon-nek dans les deux cas et non pas bré-zo-nek
an droug = la méchanceté (substantif)
drouk = méchant (l’adjectif)
prononcer: drouk dans les deux cas
Cette règle souffre de nombreuses exceptions qui peuvent néanmoins s’expliquer:
- par la dérivation: ar pesk (le poisson) ==> pesketañ (pêcher)
- par la formation du mot: bemdez (tous les jours) vient de bep deiz (chaque jour)
Pourquoi plusieurs systèmes d’orthographe ?
Depuis longtemps, la langue bretonne existe sous une forme écrite. Les premiers écrits bretons, contenus dans le manuscrit de Leyde, remontent à la fin du 8e siècle, soit un demi-siècle avant le serment de Strasbourg (842), considéré comme le plus ancien texte français. Après des siècles d’une graphie calquée sur l’orthographe du français, Le Gonidec élabore un système phonétique moderne, dans les années 1830.
Au tournant du siècle, des écrivains bretons représentant les dialectes cornouaillais (K) et léonard (L), puis trégorois (T), ont poursuivi l’évolution du système Le Gonidec, afin de créer une base commune entre ces dialectes. C’est la naissance, en 1908, de l’orthographe KLT. Dans le même temps, les lettrés vannetais mettaient au point, toujours sur les bases du système Le Gonidec, une orthographe spécifique, illustrée par la revue « Dihunamb ».
Dans les annés 1920-1930, des propositions sont faites pour inclure dans le KLT les spécificités dialectales du vannetais. Ce fut en particulier la création du groupe « zh », synthèse entre le z du brezoneg KLT et le h du brehoneg vannetais. Ces efforts d’unification aboutissent en 1941 à l’othographe KLTG baptisé peurunvan (littéralement tout-à-fait unifiée).
En 1955, sur la demande du groupe Emgleo Breiz, le chanoine Falc’hun, élabore un système plus proche des conventions du français (censé faciliter la prononciation des néo-bretonnants) et qui ne rend compte que du dialecte léonard. Une circulaire ministérielle l’institue l’orthographe « officielle » du breton dans l’enseignement français, d’où l’appellation Skolveurieg (universitaire). Il est illustré de nos jours par la revue (et maison d’édition) Brud Nevez/Emgleo Breiz.
Dans les années 1970, une tentative fut faite, de réduire le fossé qui séparait les tenants des deux systèmes orthographiques. Il en est sorti, en 1975, un système supplémentaire, l’etrerannyezhel (interdialectal) qui sur les mêmes postulats que le peurunvan, prétend améliorer les défauts de celui-ci par un certain nombre de nouvelles conventions. Illustré par la méthode Assimil sortie à cette époque, une seule maison d’éditions, Skol Vreizh, l’utilise systématiquement.
De nos jours, le peurunvan (superunifié), choix des écoles en breton, est de très loin l’orthographe dominante. Il est utilisé par les methodes « Per Denez », « Herve ha Nora », « Roparz Hemon », et les maisons d’éditions ou revues An Here, Hor Yezh, Al Liamm, Al Lanv, Bremañ, Preder, Evit ar Brezhoneg…
Quelques exemples pour illustrer les trois systèmes orthographiques:
Peurunvan | Skolveurieg | Etrerannyezhel | traduction française |
GLAV | GLAO | GLAW | (la pluie) |
PIV | PIOU | PIW | (qui) |
LEVR | LEOR | LEVR | (livre) |
UR | EUR | UR | (un) |
EVIT | EVID | EWID | (pour) |
GANT | GAND | GAND | (avec, par) |
ANEZHI | ANEZI | ANEZHI | (à elle) |
OUZHPENN | OUSPENN | OUZHPENN | (outre) |
BRAVAÑ | BRAVA | BRAVAÑ | (plus beau) |
ASANTIÑ | ASANTI | ASANTIÑ | (accepter) |
PELEC’H | PELEH | PELEC’H | (où) |
AR C’HI | AR HI | AR C’HI | (le chien) |
BLOAVEZH | BLOAVEZ | BLOAWEZH | (année) |